Akemi Matsunae : « Dans les années 70 et 80, les garçons lisant des mangas shôjos n’étaient pas perçus étrangement » (1/3
À une époque où les contours du manga s’épanouissaient et dessinaient leurs premières lignes colorées, Akemi Matsunae s’est imposée comme une figure emblématique du shôjo des années 70 et 80. Au cœur d’une industrie en pleine effervescence, l’autrice du célèbre Junjô Crazy Fruits éclaire d’un regard passionné et sincère l’univers des mangas destinés initialement aux jeunes filles, tout en évoquant la perception sociale intrigante autour de ses fans masculins. Entre histoires personnelles, anecdotes sur la production et portraits touchants de ses mentors, son témoignage illustre à merveille un pan souvent méconnu de la bande dessinée japonaise.
Née dans un foyer où le dessin et l’art étaient omniprésents, Akemi Matsunae grandit entourée de références artistiques solides, dès son plus jeune âge fascinée par les magazines shôjo comme Ribbon. Elle raconte comment, contrairement à certains stéréotypes, les garçons lisant des manga shôjo ne suscitaient pas d’étonnement ni de jugement déplacé dans le Japon de cette époque. Ce contexte permet de comprendre la fluidité des genres et le métissage des goûts, à contre-courant de certaines perceptions actuelles. Une époque où l’art du manga tissait des liens intenses entre lecteurs et créateurs, s’alimentait aux influences croisées des maîtres comme Osamu Tezuka et Shirato Sanpei, et laissait place à une créativité folle dans les studios et clubs de mangas des lycées et universités.
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Sommaire
Le contexte social des mangas shôjo et la lecture masculine dans les années 70 et 80
Si l’on revient sur les décennies formatrices du manga moderne, les années 70 et 80 marquent un tournant crucial, notamment pour le genre shôjo (mangas destinés principalement aux jeunes filles). Contrairement à une idée reçue, cette période n’a pas stigmatisé les garçons amateurs de ces séries. Akemi Matsunae précise que dans son entourage, le fait de lire des shôjo ne provoquait aucune réaction négative. Ceci illustre une réalité culturelle où la lecture d’un manga ne s’enfermait pas strictement dans des barrières de genre, ni ne définissait systématiquement une identité sociale ou sexuelle. Une tolérance et une liberté d’appréciation qui facilitèrent l’émergence de talents proches des œuvres qu’ils admiraient.
Dans ce cadre, le shôjo manga s’inscrit non seulement comme un espace d’expression artistique mais aussi comme un laboratoire narratif où les émotions humaines, souvent complexes et pleines de nuances, sont magnifiquement explorées. L’impact de ces bandes dessinées sur les lecteurs, garçons inclus, donnait naissance à des vocations, y compris chez ceux qui allaient devenir des figures majeures du manga, comme le fameux Gosho Aoyama, illustrant que ce genre transcende ses frontières initiales.
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Une plongée narrative dans l’expérience autobiographique d’Akemi Matsunae
La mangaka propose, à travers son autobiographie dessinée Matsunae Akemi no shôjo mangado, une immersion rare dans les coulisses de la création de shôjo manga durant ces décennies. Ce témoignage met en lumière la dualité entre la passion vivace pour cet art et les contraintes rigoureuses du métier. Elle partage avec humour et tendresse ses anecdotes d’assistante de la talentueuse Yukari Ichijo et souligne à quel point la solidarité féminine a été essentielle dans un métier exigeant et parfois épuisant.
Le manga autobiographique révèle aussi comment certains arcs narratifs, structures et styles graphiques ont été façonnés dans ce contexte éditorial unique. La collaboration dans les clubs manga scolaires, notamment, illustre la dynamique sociale autour du shôjo où se mêlent analyses poussées, fanfictions (hommages aux œuvres existantes) et créations originales. Ces interactions témoignent de la richesse participative du monde du manga, bien avant l’ère du numérique et du scantrad.
Influences croisées : quand le shôjo inspire même les auteurs de seinen et shōnen
Un fait notable souligné par Akemi Matsunae est l’influence qu’elle et ses consœurs ont eue sur d’autres mangakas, y compris dans des genres a priori éloignés du shôjo. Le cas de Gosho Aoyama est éclairant : ce dernier a reconnu s’être inspiré de son travail non pas simplement pour le style graphique, mais pour cette « beauté mature » qu’il souhaitait insuffler à ses personnages dans Detective Conan. Cela démontre que le shôjo, souvent célébré pour ses émotions et sa finesse dans la narration psychologique, a également enrichi la palette visuelle et narrative des œuvres shōnen et seinen.
Cette réciprocité artistique a contribué, au fil des années, à complexifier le paysage manga. Les frontières entre genres s’estompent, les auteurs s’approprient les codes et expérimentent les rythmes narratifs, les mises en page et le worldbuilding avec une souplesse croissante. La connaissance des évolutions éditoriales, techniques et des traductions en volume relié (tankōbon) versus prépublication en magazines demeure essentielle pour saisir ces mutations.
Les conseils pour découvrir ou redécouvrir le shôjo manga historique
Pour les lecteurs désireux de se plonger dans l’époque ou de découvrir la richesse du shôjo manga, il est conseillé de commencer par des classiques comme Junjô Crazy Fruits, pour le style caractéristique d’Akemi Matsunae, mais aussi des œuvres incontournables de Moto Hagio ou Yukari Ichijo. Ces mangakas ont contribué à définir les codes du genre avec des arcs narratifs profonds et des dessins expressifs. Il est pertinent de privilégier les éditions tankōbon qui regroupent les chapitres publiés dans les magazines afin d’apprécier la progression d’histoire dans un rythme cohérent.
De plus, mieux vaut éviter les scans illégaux qui altèrent parfois la qualité du trait ou proposent des traductions approximatives, au profit des éditions officielles qui respectent le rythme de prépublication et garantissent un rendu esthétique optimal. Pour ceux qui souhaitent explorer la genèse et l’impact social du shôjo, l’autobiographie dessinée d’Akemi Matsunae offre un regard personnel et documenté, enrichi de références précieuses sur la vie et les défis des mangakas à cette époque.
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Le shôjo manga est un genre de bande dessinée japonaise destiné principalement aux jeunes filles, caractérisé par une narration axée sur les émotions et les relations humaines, avec un style graphique souvent délicat et expressif.
Pourquoi les garçons lisaient-ils des shôjo dans les années 70 et 80 sans être jugés ?
À cette époque au Japon, la lecture de mangas n’était pas rigoureusement séparée par genre. Les garçons lisaient des shôjo simplement par intérêt pour l’histoire et l’art, sans que cela ne suscite de stigmatisation sociale.
Quelle est l’importance des éditions tankōbon ?
Les tankōbon sont des volumes reliés regroupant plusieurs chapitres de manga initialement publiés en magazine. Ils permettent une lecture fluide et une meilleure qualité graphique par rapport à la prépublication.
Qui est Yukari Ichijo dans l’histoire du shôjo manga ?
Yukari Ichijo est une mangaka influente des années 60-70, reconnue pour ses récits émotionnels et son style raffiné, mentor d’Akemi Matsunae durant ses débuts.
Comment le shôjo a-t-il influencé d’autres genres de manga ?
L’approche narrative et graphique du shôjo a inspiré des auteurs shōnen et seinen, enrichissant la diversité des personnages et des histoires, comme l’a montré l’exemple de Gosho Aoyama.